
Le jointoiement est une étape essentielle pour la pérennité et l'esthétique des ouvrages en pierre, qu'il s'agisse de constructions neuves ou de rénovations. Un jointoiement soigné assure l'étanchéité, prévient les infiltrations d'eau, renforce la structure et met en valeur la beauté de la pierre. Ce guide complet détaille les techniques spécifiques pour un jointoiement parfait, quel que soit le type de pierre et le style architectural.
Nous aborderons le choix du mortier approprié, la préparation de la surface, les techniques de jointoiement et les méthodes de finition, ainsi que les solutions pour les problèmes courants (fissures, taches, etc.).
Préparation du chantier : les fondamentaux d'un jointoiement réussi
Une préparation rigoureuse du chantier est la clé d'un jointoiement impeccable. Elle se décompose en plusieurs étapes cruciales : choix du mortier adapté à la pierre, préparation méticuleuse de la surface et préparation du mortier lui-même.
Sélection du mortier : un choix déterminant
Le choix du mortier dépend de plusieurs facteurs interdépendants : le type de pierre (calcaire, granit, grès, ardoise…), son exposition aux intempéries (pluie, gel, soleil), le style architectural, et l'aspect final souhaité. Les mortiers traditionnels à la chaux, réputés pour leur perméabilité à la vapeur d'eau, sont souvent privilégiés pour les pierres naturelles poreuses, permettant une meilleure respiration du matériau et évitant les problèmes d'humidité. Les mortiers à base de ciment, quant à eux, offrent une résistance mécanique supérieure, idéale pour les zones soumises à des contraintes importantes ou dans les climats humides. Enfin, les mortiers chaux-ciment combinent les avantages des deux. L'utilisation de mortiers spécifiques, adaptés à chaque type de pierre, est fortement conseillée pour garantir une durabilité optimale.
Un mauvais choix de mortier peut engendrer des fissures, des efflorescences (dépôts de sel) ou une décoloration prématurée. Il est donc impératif de se renseigner sur les caractéristiques du mortier avant son utilisation.
Type de Mortier | Avantages | Inconvénients | Types de Pierre Adaptés |
---|---|---|---|
Mortier Ciment | Haute résistance mécanique, séchage rapide | Faible perméabilité à la vapeur d'eau, risque de fissuration en cas de retrait | Pierre dense, peu poreuse (granit, basalte) |
Mortier Chaux | Haute perméabilité à la vapeur d'eau, excellente adhérence, esthétique naturelle | Faible résistance mécanique, séchage lent | Pierre poreuse (calcaire, pierre de taille) |
Mortier Chaux-Ciment | Bon compromis résistance/perméabilité, bonne adhérence | Nécessite un dosage précis | Pierre moyennement poreuse (grès, brique) |
Préparation de la surface : une étape essentielle
Avant toute application de mortier, la surface des pierres doit être parfaitement propre et sèche. Un nettoyage minutieux est indispensable pour assurer une bonne adhérence du mortier. Différentes techniques peuvent être employées selon l’état des pierres :
- Brossage : Pour éliminer la poussière, les résidus légers et les éléments non adhérents.
- Soufflage à l'air comprimé : Pour nettoyer en profondeur les joints existants et les fissures, éliminant les débris tenaces.
- Hydro-nettoyage à basse pression : Pour les pierres très sales, en utilisant une faible pression pour éviter d'endommager la surface. Un rinçage abondant est nécessaire après cette opération.
- Traitement hydrophobe (pour les pierres poreuses) : Un traitement hydrophobe appliqué avant le jointoiement permet de protéger la pierre de l'humidité et d'améliorer l'adhérence du mortier. Il est crucial d'appliquer ce traitement de façon homogène pour éviter les taches.
L'élimination totale des traces de graisse, d'huile, de peinture ou de toute autre substance organique est fondamentale pour garantir une bonne adhésion du mortier.
Préparation du mortier : respect des proportions
Le malaxage du mortier doit être réalisé avec précision pour garantir son homogénéité et ses propriétés optimales. Il est impératif de respecter scrupuleusement les proportions d'eau et de liant indiquées par le fabricant. Un dosage incorrect peut nuire à la résistance, à la durée de vie et à l'aspect final du jointoiement. L'utilisation d'un malaxeur électrique est recommandée pour un mélange uniforme. La consistance du mortier doit être crémeuse, ni trop liquide (risque d'écoulement), ni trop sèche (difficulté de mise en œuvre). La température idéale de l'eau et des composants doit être comprise entre 15°C et 25°C. L'ajout d'additifs, comme des plastifiants ou des hydrofuges, peut être nécessaire pour améliorer certaines propriétés du mortier.
Exemple : Pour un sac de mortier à base de ciment de 25 kg, il faut généralement ajouter entre 6 et 7 litres d'eau, suivant les recommandations du fabricant. L'ajout d'un additif hydrofuge (à 5% du poids total du mortier) améliore sa résistance à l'eau et à l'humidité.
Outils et matériel : choisir les outils adaptés
Pour un jointoiement précis et efficace, le choix des outils est primordial. Voici une liste du matériel indispensable :
- Truelle en acier inoxydable : Pour une meilleure résistance à la corrosion et éviter les réactions chimiques avec certains mortiers.
- Joints de différentes largeurs : Pour adapter la largeur du joint à l’épaisseur des pierres (2, 4, 6, 8 mm, etc.).
- Spatule : Pour lisser le mortier et obtenir une finition soignée.
- Éponge humide : Pour nettoyer l’excédent de mortier et obtenir un aspect net.
- Seau : Pour préparer et conserver le mortier.
- Gabarits (optionnel) : Pour réaliser des joints d'une largeur parfaitement uniforme.
- Brosse : Pour le nettoyage final une fois le mortier sec.
- Poche à douille (pour les joints fins) : Pour un jointoiement précis et contrôlé.
Techniques de jointoiement : maîtriser les gestes pour un rendu impeccable
Plusieurs techniques de jointoiement sont possibles, en fonction de la largeur des joints, du type de pierre et de l'effet esthétique recherché.
Techniques de remplissage des joints : précision et homogénéité
Le jointoiement à la truelle est la technique la plus courante pour les joints de largeur moyenne. Le mortier est appliqué en une seule fois, en veillant à bien remplir tout l'espace entre les pierres. Pour les joints plus larges, le jointoiement au godet est plus efficace. Pour les joints fins et délicats, l'utilisation d'une poche à douille offre un meilleur contrôle et permet une finition plus précise. Des joints préfabriqués peuvent être utilisés pour certains types de travaux, notamment les joints fins ou décoratifs.
Il est essentiel de bien tasser le mortier pour éliminer les bulles d'air et assurer une adhérence maximale. Des vides d'air peuvent compromettre la solidité du jointoiement et favoriser l'infiltration d'eau. La consistance du mortier doit permettre un tassement facile sans excès de pression.
Techniques de finition : un rendu soigné et harmonieux
Le nettoyage des joints est une étape cruciale pour obtenir un résultat impeccable. Il doit être effectué avant que le mortier ne durcisse complètement (généralement entre 1 et 3 heures après l'application, suivant les conditions climatiques). Un épongeage délicat permet d'enlever l'excédent de mortier et de donner un aspect propre aux joints. Un brossage léger, une fois le mortier légèrement pris, permet d'affiner le tracé des joints et de leur donner l'aspect souhaité (joints creux, bombés, etc.). L'utilisation de gabarits permet d'obtenir des joints d'une largeur parfaitement uniforme.
Le temps de séchage du mortier varie en fonction de la température et de l'humidité ambiante. En condition normale (température de 20°C et humidité moyenne), il faut compter environ 24 heures pour un séchage optimal.
Jointoiement de pierres spécifiques : adaptabilité et précision
Chaque type de pierre possède ses propres caractéristiques (porosité, résistance, sensibilité à l'eau…) qui doivent être prises en compte lors du choix du mortier et de la technique de jointoiement. Les pierres poreuses, par exemple, nécessitent un mortier à base de chaux pour éviter les taches et favoriser la respiration du matériau. Les pierres sensibles à l'eau doivent être protégées par un traitement hydrofuge avant et après le jointoiement. Le granit, très dense, peut supporter des mortiers à base de ciment à haute résistance. Le calcaire, plus poreux, sera mieux jointoyé avec un mortier à la chaux.
Pour les pierres de grande valeur, il est conseillé de faire appel à un professionnel spécialisé dans le jointoiement de pierre.
Traitement des joints problématiques : réparation et prévention
Avant de procéder au jointoiement, il est important de traiter les fissures et les défauts existants. Les fissures doivent être nettoyées en profondeur, puis remplies avec un mortier de réparation approprié. Pour les joints abîmés, un déjointoiement partiel ou total peut être nécessaire avant de procéder à un rejointoiement. L'utilisation de produits de réparation spécifiques, adaptés au type de pierre et au type de mortier, est essentielle pour garantir la durabilité de la réparation.
Conseils et précautions : sécurité et durabilité
Le respect des règles de sécurité et des conditions optimales est crucial pour la réussite du jointoiement et la protection de la santé du travailleur.
Sécurité : protection individuelle obligatoire
Le port de lunettes de protection, de gants et d'un masque anti-poussière est indispensable pour se protéger des projections de mortier, des irritations cutanées et des inhalations de poussières. Il est important de travailler dans un environnement bien ventilé, surtout lors de l'utilisation de produits chimiques.
Conditions climatiques : température et humidité
La température et l'humidité ambiante influencent significativement le temps de séchage et la qualité du jointoiement. Il est conseillé de travailler par temps sec et à une température comprise entre 10°C et 25°C. Une température trop basse ralentit le séchage, tandis qu'une température trop élevée peut provoquer un séchage trop rapide et la formation de fissures. Une humidité excessive peut également compromettre l'adhérence du mortier. Il est important de vérifier les prévisions météorologiques avant de commencer les travaux.
Entretien et protection des joints : préserver la beauté et la durabilité
Après le séchage complet du mortier (au minimum 24 heures), l'application d'un hydrofuge protège les joints de l'humidité, du gel et des intempéries, assurant ainsi leur durabilité. Un nettoyage régulier à l'eau claire, sans produits abrasifs, permet d'éliminer la poussière et les salissures, préservant l'aspect esthétique du jointoiement. Il est recommandé d'éviter l'utilisation de nettoyeurs haute pression, qui peuvent endommager les joints.
Dépannage : identifier et résoudre les problèmes courants
Plusieurs problèmes peuvent survenir lors du jointoiement. Voici les causes et les solutions les plus courantes :
- Joints fissurés : Mauvais choix de mortier, séchage trop rapide, retrait du mortier, mauvais tassement.
- Taches : Présence de substances organiques non éliminées, mortier de mauvaise qualité, utilisation d'eau sale.
- Effritement du mortier : Mauvais malaxage, utilisation d'un mortier inapproprié, exposition à des conditions climatiques défavorables.
En cas de problèmes persistants, il est conseillé de consulter un professionnel.
Le jointoiement de pierre est un travail de précision qui demande rigueur et méthode. En appliquant ces techniques et en respectant les précautions indiquées, vous obtiendrez un jointoiement impeccable, assurant la pérennité et l’esthétique de vos ouvrages en pierre.